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Photo du rédacteurpatrick abel

"PENSER CONTRE SOI"

Il est des livres que l'on ouvre et que l'on ne lâche pas: les pages se succèdent, les idées et identifications s'accumulent pour élever vos journées dans des des sommets de réflexions , de remise en question et aussi de réconfort dans votre propre quête de vie. La vie des autres ne change pas votre vie et les autobiographies sont souvent des hagiographies égotiques et narcissiques. Il n'y a que le talent de l'écrivain qui peut vous en extraire. Ce talent d'écriture indispensable, nécessaire mais pas suffisant ne vous atteint que si le message d'universalité passe dans la narration d'une vie qui à priori ne ressemble en rien à la vôtre. Le livre de Nathan Devers est de ceux là: il questionne, il interroge notre quotidien de simple mortel et il touche tous ceux a-dogmatiques qui préfèrent les questions aux réponses. l'essentiel du livre n'est pas le passage  de la croyance à l'athéisme, il n'est pas non plus dans la remise en question de son judaïsme; il est dans une quête d'ouverture vers un autre que lui et vers l'autre différent. penser n'est pas panser seulement, penser c'est ouvrir les plaies mal refermées ou mal cicatrisées, la psychanalyse Active par sa méthode d'introspection est un chemin vers cet autre, pour Nathan ce fut la philosophie; l'une et l'autre n'étant pas contradictoires.

je ne vais pas décrire le parcours de Nathan, libre à vous de le découvrir mais j'avais envie de penser au titre: "penser contre soi" qui dans un premier temps invite à la question et à ces trois mots: penser, contre et soi. 

Nous pensons tous ou pensons penser mais ne nous enfermons nous pas dans des méthodes de pensées qui nous sont transmises par  l'éducation ,  la naissance,  l'origine, la religion de nos parents ou leur athéisme ou pour résumer et paraphraser Freud: sommes nous maitre en notre demeure? 

pour Nathan le contre est constructeur, je le cite : si mon moi d'aujourd'hui accepte d'être anéanti, c'est parce que il a confiance: il sait que paradoxalement, c'est en pensant contre soi qu'on s'évertue à devenir soi-même. C'est ce contre qui est chargé de devenir, d'ailleurs quand Nathan Nacache devient Nathan Devers, il choisit d'aller Vers en partant De. L'idée n'est pas de renier d'ou il vient mais d'aller vers autre part que l'origine, d'aller ailleurs que vers une reproduction, un clonage du passé transmis. 

Sans doute est il indispensable de digresser vers les définitions du moi et du soi en Psychanalyse. 

Le moi: c'est  la perception que l’individu a de lui-même,  qui pense, qui analyse et tente de comprendre le sens par une construction intellectuelle Le domaine du moi, c’est le monde extérieur, celui aussi de la persona, c’est à dire l’image sociale de notre personnalité, c’est la conscience. Freud dans une de ses correspondances avec Jung écrit à propos du moi : « le moi ne joue-t-il pas le rôle du stupide auguste du cirque qui met son grain de sel partout pour que les spectateurs croient que c’est lui qui dirige tout ce qui se passe »

Le soi:  c’est un état d’être à atteindre, il est issu d’une mise en mouvement, d’une transformation d’une transmutation au sens alchimique ; pour Jung le soi est non seulement le centre mais aussi la circonférence complète qui embrasse à la fois le conscient et l’inconscient, il est le centre de cette  totalité, c’est un mouvement vers une totalité de moi non pas au sens de l’ego mais au sens de l’être complet, de l’individu total, une unité constituée d’éléments épars, individués, un individu qui prendrait en compte toutes les composantes et de soi et de l’autre et du monde.

Nathan n'est pas éloigné des ces définitions: un soi qui se dit au futur: non pas j'existe, mais bien j'existerai. le soi de l'émergence. 

Autrement dit accepter de pas avoir de certitudes, accepter de voyager vers l'autre, errer en permanence 

Akira Mizubayashi dans Petit éloge de l’errance, corrobore: C’est cet effort d’absence volontaire, de déracinement voulu, de distanciation active par rapport à son milieu qui paraît toujours naturel, c’est donc cette manière de s’éloigner de soi-même – ne serait-ce que momentanément et provisoirement –, de se séparer du natal, du national et de ce qui, plus généralement, le fixe dans une étroitesse identitaire, c’est cela et surtout cela que j’appellerai errance.

Nathan nous invite à l'errance à travers la philosophie non pas en accumulant les savoirs livresques mais comme un outil pour non pas comprendre la vie mais la questionner perpétuellement dans le seul destin de renaitre continuellement sans jamais s'accomplir. 



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