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Moi, nous, soi, identité et je

Dernière mise à jour : 1 juil. 2022


Le soi de Jung : archétype central et organisateur


Dans son dernier ouvrage « L’ après littérature » Alain Finkielkraut nous dit : l’identité est paradoxalement la part de soi qui n’est pas soi, le nous dans le je, la généalogie dans l’individu, le fil à la patte et le philosophe Vincent Descombes en échos lui répond : l’identité, on l’attribue aux individus alors qu’elle vise une appartenance.

A l’heure d’internet, et du smartphone, nouveau miroir dans lequel l’être ou ce qu’il croit être se mire dans le selfie, ou les mise en avant de soi se parent d’une auto estime du moi et qui érige en lui un idéal, à l’heure de ce que, Clotilde Leguil appelle le narcissisme de masse, alors que le sujet dit elle commence par se prendre lui-même son propre corps , comme objet d’amour et alors aussi que le débat sur les identités se répand dans les médias ; alors est-il temps de se pencher sur les réponses que la psychanalyse apporte sur les significations symboliques des termes : identités, soi, nous, moi et je.

Le cadre d’une analyse est à la fois un espace physique et psychique particulier dans lequel un langage s’instaure entre l’analysant et l’analyste en vue d’instaurer une parole libératrice et ainsi que le dit Clotilde Leguil déjà citée : il faut se méfier de ces déviations qui conduisent à faire croire que l'on peut rencontrer un psychanalyste au bout de son doigt sur l'écran de son iPhone et que l'on peut se défaire de ses angoisses en trouvant sur la toile des experts qui répondent aux questions de tous ; Le psychanalyste, à l'envers de l'Autre de la toile, n'est pas un Autre qui juge, qui émet des opinions, qui donne des conseils, qui like ou qui don't like. C'est un Autre qui ne porte aucun jugement sur ce qui est dit, et par là même autorise celui qui parle à dire ce qu'il ne comprend pas. C'est pourquoi la psychanalyse n'a pas à se fondre dans ce nouveau monde virtuel pour s'adapter à l'air du temps. Elle doit conserver ce qui fait de son rapport à la parole quelque chose d'exceptionnel dans l'univers du blabla mondialisé.

L’injonction qui nous est faites de n’être que le produit d’une société, prisonnier que nous serions de notre origine, de notre sexe, de notre race (blanche ou noir ou autre) est un déni de l’universalisme des lumières, cette mise en demeure de dissoudre le je dans un nous communautaire, tribale en nous simulant une mise en avant de soi dans un tout à l‘ego (P. Murray) est un simulacre car exister à travers une image de soi, visible de par le monde est une fuite du je vers un moi surdimensionné, une dissolution dans le nous.

Il y a confusion entre identité et identification, la mise en avant sur la toile, le sentiment artificiel d’appartenance à tel ou tel groupe, est un artifice de ce qu’est l’identité qui est propre à chacun. Ce narcissisme de masse à travers une exposition permanente de sa vie éloigne tout un chacun de sa propre singularité, c’est un entre-soi.

La Psychanalyse active invite à cette rupture d’identification afin de devenir autre que nous le proposé, afin de faire émerger de son inconscient sa propre histoire, de faire émerger au-delà du moi un JE qui ne se confond ni avec l’ego narcissique, ni avec le nous, ni avec le commun ; ce qui n’exclut pas du commun, bien sûr. Il s’agit de rencontrer un autre dans une langue particulière et non plus de s’identifier aux autres dans la langue de tous (C. Leguil).

Rentrer en analyse comme il est dit couramment c’est une mise en danger, une aventure non balisée une mise en abime de soi, un acte de résistance à notre temps qui me fait dire à l’instar de Stephan Zweig dans le monde d’hier : A l'heure où tout en moi était un “non” à l'époque, j'avais trouvé le moyen de me dire “oui” à moi-même.


Patrick Abel, 12/10/21

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